Pour en savoir plus, la firme JOSKIN a interrogé l’un de ses concessionnaires proches de la frontière. L’interview a été menée auprès de Michał Stachlewski, directeur commercial de la société Kisiel, dans la succursale située à Niedrzwica. Que fait votre entreprise et depuis combien de temps est-elle active sur le marché ? Nous sommes concessionnaires […]
Pour en savoir plus, la firme JOSKIN a interrogé l’un de ses concessionnaires proches de la frontière. L’interview a été menée auprès de Michał Stachlewski, directeur commercial de la société Kisiel, dans la succursale située à Niedrzwica.
Que fait votre entreprise et depuis combien de temps est-elle active sur le marché ?
Nous sommes concessionnaires agréés pour les marques de tracteurs CASEiH et Steyr dans les voïvodies de Sainte-Croix, des Basses-Carpates, de Petite-Pologne et de Lublin. Nous sommes actifs dans la vente de machines agricoles depuis 1992. Nous ne travaillons qu’avec des marques offrant une haute qualité aux clients, et donc une valeur leur permettant de se développer.
Quelle est la distance entre vous et le point le plus proche de la frontière avec l’Ukraine ?
En tant qu’entreprise opérant dans les voïvodies de Lublin et des Basses-Carpates, nous sommes voisins sur toute la section de la frontière polono-ukrainienne. Les points les plus proches se situent entre 80 et 100 km de nos succursales.
Votre entreprise ressent-elle les effets de la guerre qui se déroule juste de l’autre côté de la frontière ? Si oui, lesquels ?
Comme tout le monde en Pologne, nous ressentons les effets de la guerre. Il y a les effets financiers liés aux coûts de l’énergie, à l’augmentation des prix des produits ou à l’augmentation du coût des crédits, mais il y a surtout cette conscience générale qu’à ce faible coût, nous pouvons aider nos voisins, leur montrer qu’ils ne sont pas seuls, qu’il y a de l’espoir pour des lendemains meilleurs, que l’État n’est pas une sorte de monstre mais qu’il a un devoir de protéger les citoyens et d’aider d’autres personnes dans le besoin.
Toute cette situation a un impact énorme sur l’attitude des agriculteurs face à leurs investissements. Doivent-ils acheter ou mettre de côté pour se préparer au pire ? Face à de telles actions agressives, il est naïf de ne pas voir les risques qui menacent toute l’Europe. On ne peut pas se dire : « cela ne me concerne pas, ce n’est pas mon problème ».
Avez-vous remarqué une quelconque hésitation de la part de vos clients à acheter la marque JOSKIN en raison de la situation en Ukraine ? Si oui, laquelle ?
Oui, les clients analysent non seulement le prix mais parfois aussi l’approche des fournisseurs. Soutiennent-ils la liberté et ce, non seulement par des mots, mais aussi par les actions des hommes et femmes politiques et des organisations européennes, ou veulent-ils seulement se faire de l’argent, et par conséquent ne pas considérer la vie comme une valeur suprême ? Tout cela fait ressortir les parties les plus profondes de l’être humain et permet de marquer une différence entre les « brutes » d’un côté et les personnes rationnelles de l’autre.
En voyant la tragédie qui a lieu juste à côté de vous, avez-vous, d’une manière ou d’une autre, déployé des efforts pour leur venir en aide ? Si oui, lesquels ?
En plus d’actions de soutien purement symboliques, comme le déploiement du drapeau de l’Ukraine sur nos installations, afin que les personnes originaires de ce pays ne se sentent pas seules, nous essayons de penser à long terme. Chacun de nos employés a probablement contribué au soutien des personnes entrantes et nous sommes également prêts à apporter notre aide. Les actions du gouvernement en sont le meilleur exemple. En temps de guerre, il faut agir.
Des logements pour les Ukrainiens ont-ils été mis à disposition dans votre ville ?
Dans la ville de chacun de nos employés, et nous sommes 80, des logements ont été mis à disposition pour les familles ukrainiennes. Nous croyons qu’à l’issue de cette période, ces dernières retourneront dans leur patrie pour continuer à la construire.
Avez-vous embauché des travailleurs ukrainiens ? Si oui, de quel type de travailleurs s’agit-il ?
Non, nous n’en avons jamais embauché car notre activité nécessite un savoir spécifique ainsi qu’une connaissance de la langue et des clients. En raison de ces critères, nous ne pouvons donc pas embaucher tout le monde. Cela s’applique naturellement aussi aux travailleurs polonais. Sans cette difficulté, il en serait autrement. À côté de cela, nous savons en revanche qu’un grand nombre de nos clients agriculteurs engagent des personnes originaires d’Ukraine.
La situation de guerre a-t-elle contribué à des changements organisationnels dans votre entreprise, à savoir une réduction des effectifs ou la mise en place du travail hybride ?
Heureusement, ce n’est pas le cas, mais nous sommes tous conscients que nous pourrions tous passer en état d’urgence du jour au lendemain.
Avez-vous exporté des machines en Ukraine ? Si oui, dans quelle mesure et quelles machines ?
Notre activité principale est la vente de machines en Pologne, nous sommes spécialisés dans la vente aux agriculteurs qui, même avec leur grande modernité dans la technologie de production, sont plutôt traditionnels dans leur choix. La société JOSKIN est très exigeante en matière de service après-vente, c’est pourquoi nous ne vendons que sur le territoire national. En raison de la distance, nous ne serions pas en mesure de servir correctement les clients ukrainiens.
Avez-vous importé des machines d’Ukraine ? Si oui, dans quelle mesure et quelles machines ?
Non, nous travaillons principalement avec des fournisseurs européens.
Avez-vous également des clients ukrainiens dans votre base de données d’agriculteurs ? Si oui, quid du problème de service après-vente ?
Nous avons principalement vendu des pièces provenant de notre stock courant. Les agriculteurs ukrainiens avaient l’habitude de nous acheter des matériaux de production en urgence ou lorsque leur fournisseur local n’avait pas les matériaux en stock.
Les autorités locales ont-elles introduit des mesures de sécurité pour la communauté ? Les mesures ont-elles/auront-elles un impact sur votre travail quotidien ?
Chaque région a commencé à sécuriser ses frontières, ce qui signifie davantage de troupes et des installations anti- aériennes, de défense et antimissiles d’une puissance sans précédent. Des hommes et des femmes plus jeunes ont également été appelés à suivre une formation militaire.
Comment évaluez-vous la coopération avec la société JOSKIN au cours des dernières années ?
JOSKIN correspond à 100 % à l’idée qu’une marque est avant tout un engagement donné au client, qui le lie pour de nombreuses années et le rend fier de son choix. Pour nous, en tant que revendeur, c’est une garantie de coopération et une opportunité d’augmenter les ressources financières grâce à la vente et à l’entretien de machines. Une machine portant la marque JOSKIN est incontestablement une valeur qui garantit des bénéfices.
Comment envisagez-vous votre future coopération avec la marque JOSKIN ?
Pour nous, JOSKIN est une marque-clé parmi nos cinq fournisseurs. Nous mettons tout en œuvre pour maximiser nos ventes, tout en respectant les principes d’économie et de bon service à la clientèle. Nous essayons de bien exposer les produits et de bien gérer les commandes pour assurer la continuité et raccourcir les délais de livraison. Nous travaillons donc en étroite collaboration avec le responsable régional JOSKIN pour planifier les achats, la présentation des produits sur le marché et le contact avec les principaux destinataires. La collaboration se déroule à merveille, d’autant plus que nous recevons un soutien fort de la part des départements de production, SAV, logistique et administration.
Si l’on considère la hausse de l’inflation, le prix des composants, la fluctuation du prix du pétrole, le renchérissement des transports, quelles sont, selon vous, les perspectives pour les prochaines années ?
La situation actuelle de guerre est une bien plus grande menace que les augmentations de prix qui, elles, peuvent aller et venir en fonction des besoins du marché. Il vaut mieux avoir des prix plus élevés et des salaires plus élevés qu’une guerre qui va tout détruire. La Pologne, libérée depuis 30 ans de la botte russe, a montré ce qu’il est possible de construire avec du travail et une volonté de créer. L’attitude des Ukrainiens qui, dans le même temps, ont essayé de vivre avec la Russie mais n’ont eu qu’une dictature en échange, ne doit donc pas surprendre. La liberté est une valeur suprême pour tout être humain.
Comment le paysage a-t-il changé en Pologne, dans les villes, les villages autour de la frontière, après l’expansion de la Russie chez son voisin ?
Tout l’environnement a changé : on entend parler ukrainien dans les médias ; dans les bureaux de services il y a des clients ukrainiens et les informations sont transmises dans les 2 langues. Dans les rues, on aperçoit un grand nombre de voitures avec des plaques d’immatriculation ukrainiennes. Les églises, quant à elles, mettent leurs infrastructures à disposition afin que les gens puissent prier selon le rite religieux dans lequel ils ont grandi, etc. Nous ne parlons pas ici seulement des grandes villes, mais aussi des villages.
Lors d’une récente visite à votre succursale de Jasionka, juste à côté de l’aéroport, j’ai vu des troupes militaires qui y étaient stationnées. Je voudrais savoir dans quel but les troupes sont déployées là-bas. Vous y sentez-vous en sécurité ?
Nous savons que la Pologne est membre d’organisations mondiales qui sont obligées de protéger leurs membres, je parle ici de l’UE et de l’OTAN, et nous essayons de penser à une issue à cette situation. En ce sens, nous nous sentons donc en sécurité : mais dans la dimension humaine, aucun d’entre nous ne peut dire qu’il ne voit pas la tragédie humaine qui sévit actuellement en Ukraine. La succursale de Jasionka près de l’aéroport nous fait prendre conscience de la gravité de la situation et de la force nécessaire pour protéger des valeurs telles que la liberté, la tolérance et l’économie.