C’est à Héron que Benjamin et Louis Rousseau ont décidé de lancer leur propre activité d’entreprise agricole il y a quelques années. Après des débuts en tant qu’activité complémentaire, l’entreprise occupe entretemps les deux frères à temps-plein depuis 2019. Bien vite, ils ont décidé de se spécialiser dans un certain nombre de tâches qui leur […]
C’est à Héron que Benjamin et Louis Rousseau ont décidé de lancer leur propre activité d’entreprise agricole il y a quelques années. Après des débuts en tant qu’activité complémentaire, l’entreprise occupe entretemps les deux frères à temps-plein depuis 2019. Bien vite, ils ont décidé de se spécialiser dans un certain nombre de tâches qui leur permet de se démarquer de leurs collègues, mais également de disposer d’un rayon d’action plus important afin de rentabiliser plus efficacement les investissements consentis. Nous les avons rencontré début avril, avant le début des travaux de printemps sur les terres.
Benjamin et Louis ont démarré de rien. Leurs grands-parents étaient agriculteurs, tandis que leurs parents avaient choisi une autre voie professionnelle. Cependant, le virus du monde agricole était bien présent. Benjamin a 10 de plus que son frère et après ses études, il a tout d’abord travaillé pendant 10 ans dans une banque à Bruxelles. De son côté, Louis avait choisi de rester dans le monde agricole après ses études à Saint-Quentin, et il travaille donc pour plusieurs entrepreneurs et agriculteurs de la région. Les deux frères décident de faire leurs premiers pas à leur compte en 2010, avec un vieux Ford 4000, qui est d’ailleurs encore toujours présent dans l’entreprise, et pour presser des ballots de lin en été. La société Sprl Rousseau Frères a vu le jour en 2018, et emploie une personne à temps-plein en plus de Benjamin et de Louis. L’entreprise réalise tout d’abord une série de prestations classiques, comme les semis, l’épandage d’engrais, la pulvérisation ou encore les épandages de fumier. Par ailleurs, les deux frères ont décidé de miser sur un certain nombre d’activités innovantes.
Louis poursuit : ‘Par respect pour les entrepreneurs du secteur, nous avons toujours essayé de trouver d’autres débouchés, afin d’une part de ne pas leur faire de concurrence, mais également afin de pouvoir amortir notre matériel et d’avoir suffisamment de travail. C’est ainsi que nous avons tout d’abord acquis une épareuse afin de pouvoir réaliser des tailles mécanisées et de l’entretien de bords de parcelles. Au cours des premières années, nous avons eu beaucoup de boulot, mais entretemps beaucoup de monde a investi dans ce type de matériel, et c’est donc moins évident.’
Benjamin complète : ‘Le développement de notre entreprise s’est fait au fil des opportunités et en cherchant de nouveaux débouchés. Chaque investissement est par ailleurs aussi le fruit d’une mûre réflexion entre frères. En 2019, nous avons eu l’opportunité de reprendre une activité en développement. Il s’agit du bâchage de tas de betteraves. Le syndicat betteravier avait donné des tubes aux planteurs afin de favoriser le bâchage. Nous avons alors investi dans deux ensembles comportant une grue portée et un disque pour fixer les bâches dans les tas. Cela nous permet de répondre efficacement à la demande dans un rayon de 60 km autour de Héron, soit dans les provinces du Brabant wallon, de Namur et de Liège. Nous faisons uniquement de la prestation de service. Les bâches et les tubes sont la propriété de l’agriculteur.’
Louis poursuit : ‘Cette activité nous a permis de nous créer une clientèle. Le bâchage demande beaucoup de temps en termes d’organisation et de planning, pour une durée d’intervention limitée sur site. Mon frère est en contact permanent avec les avaleuses de tas et les agronomes afin de planifier au mieux le débâchage. L’aspect communication est très important, mais la collaboration est fructueuse et agréable. Les volumes traités permettent de rester efficace. Pour l’essentiel, il s’agit d’une prestation avec la machine seule. Pour quelques clients, nous fournissons également les tubes et les bâches, mais à un autre tarif que la prestation seule, bien entendu.’
Une autre opportunité s’est présentée en 2019, et il s’agissait à nouveau d’une machine peu ou pas connue dans nos contrées. Benjamin : ‘Nous avons en effet investi dans une ramasseuse de pierres de marque Elho. Nous avions remarqué que certains terres louées pour des pommes de terre comportaient de nombreuses pierres. Nous avons alors réfléchi à une solution mécanisée et c’est ainsi que nous avons fini par investir dans une ramasseuse à trémie Elho. Cette machine n’est pas utilisée que pour la pomme de terre. Elle offre un bon compromis entre le débit de chantier et le ramassage des pierres et ne va de plus pas trop déstructurer le sol par tamisage. De ce fait, le coût de cette prestation reste maîtrisé. Au début, il n’a pas été évident de trouver les bons réglages, mais cette machine nous donne entretemps entière satisfaction. Pour un travail efficace, les sols doivent cependant être bien secs et comporter le moins de résidus végétaux possible.’
Louis a travaillé pendant des années pour la plantation, la pulvérisation et l’arrachage de pommes de terre. Il rêvait de pouvoir travailler un jour à son compte dans le secteur de la pomme de terre. Cette opportunité s’est également présentée en 2019. Louis : ‘Nous avons été contactés en dernière minute afin d’arracher des pommes de terre. Nous avons donc dû trouver vite une arracheuse et c’est ainsi que le choix s’est posé sur une Ropa Keiler 2. Nous avons été étonnés de la qualité d’arrachage supérieure, de la qualité de déterrage, du respect de la pomme de terre et du rendement. Nos clients sont enchantés et je dois dire aussi que le service offert par le concessionnaire est plus que satisfaisant.’ En 2020, l’entreprise a de plus repris une clientèle pour la plantation, la pulvérisation et l’arrachage de pommes de terre à 90 cm. De même, le binage et le broyage de fanes sont possibles à 90 cm. Benjamin : ‘De ce fait, nous sommes capables de faire de la pomme de terre bio à 90 cm. Entretemps, nous avons aussi investi dans une arracheuse automotrice AVR Puma. Elle arrache à 75 cm, tandis que la Ropa peut arracher tant à 75 qu’à 90 cm.’
Pour la saison 2021, la recherche d’opportunités se poursuit, et les frères Rousseau ont investi dans une machine de marque Klunder pour le désherbage mécanique des betteraves et chicorées. Benjamin : ‘Cette machine était encore à l’état de prototype l’an dernier et nous avons eu la chance de la tester dans la pratique. La machine travaille sur une largeur de 5,40 m (12 rangs) et arrache les adventices à l’aide de deux rangées de pneus qui tournent en sens contraire l’un par rapport à l’autre et qui agrippent ainsi les adventices. Nous sommes convaincus par cette machine et elle est de plus complémentaire à notre activité de bâchage de tas, vu qu’elle touche le même type de clientèle. C’est un atout pour le développement ultérieur de cette activité.’
Lorsqu’on demande à Benjamin et Louis comment ils voient évoluer leur entreprise, ils sont d’avis qu’il ne faut pas foncer tête baissée. Benjamin : ‘Nous avons soif d’apprendre et nous voulons continuer à saisir les opportunités qui se présentent. D’autre part, je pense que nous devons aussi nous stabiliser et rester une entreprise familiale avant tout. Il faut par ailleurs miser sur la rentabilité. Le matériel coûte de plus en plus cher, et c’est donc un fameux défi pour l’avenir.’ Louis conclut : ‘Nous avons la chance de travailler de notre passion et de nous amuser en travaillant. C’est un fameux atout d’aimer ce que l’on fait!’